Un autre regard sur le monde
- Georges RATINEAU
- Tours, Centre-val de loire 37000, France
- la culture, la politique, la société, l'art, la mode, l'actualité, France, Europe, international.
vendredi 22 octobre 2021
Censure dans le monde de la culture. On revient toujours à la question de la censure par des personnes, qui se croient attaquées en permanence. les personnes aujourd'hui dans notre société qui s'accaparent le droit de censurer toute personne qui ose sortir des clous du bien pensant . Tout cela commence à faire beaucoup, venant de certaines minorités qui jugent sans autre procès que le leur ! Il est inadmissible qu'une minorité censure un artiste au nom d'un communautarisme , qui impose à la majorité sa vision de la société. C'est une minorité active, militante, qui s'octroi le droit de parler au nom des autres personnes. by gr@37
lundi 28 juin 2021
Racisme, Le woking ou woke, est un mouvement à l’idéologie autoritaire qui agit comme un dogme religieux. Il œuvre sournoisement, gangrène la société et impose une seule ligne de conduite idéologique et politique.
Des entreprises demandent aux employés de faire « mea culpa », vous êtes des blancs, donc vous êtes des privilégiés. Les racisées deviennent les oppresseurs, eux seules revendiquent le droit au racisme, les blancs ne sont que des dominants et racistes, Ils ne peuvent devenir les victimes d’un racisme qui n’existerait pas selon les personnes racisées.
Les minorités imposent leur vision de la société, en imposant à tous et toutes, leurs codes, leur idéologie. Il n’y a pas d’entre deux, c’est blanc ou noir.
Aujourd’hui les
mouvements ou associations à l’idéologie woke, sont devenues les dominants
oppresseurs de notre culture et de notre liberté. Le cancel culture
est un exemple de la régression et de l'inculture de ces mouvements.
Elles influencent et oppressent le système politique, par des actions et revendications.
L’autoritarisme des
minorités est une atteinte au bien vivre ensemble, ces mouvements divisent la
société, la fragmente. Quand la société se réveillera, les conflits
civils seront très violents, les minorités sont l’incarnation d’un
autoritarisme dictatorial.
Pour combattre le
mouvement woke, il faut boycotter les entreprises qui mettent en place cette
idéologie pour faire du marketing, réduire ou supprimer les subventions aux
associations qui diffusent cette idéologie auprès du public ou des services
publics.
La culture
autoritaire woke, chasse le grec et le latin des universités américaines, tout
cela dans la vision woke, qui veut faire disparaitre une culture
antique et une société esclavagiste et raciste. Homère, est aussi dans l'œil du cyclone des militants du woke, les arguments, il était raciste et
misogyne. Les universités françaises sont déjà la cible de ce
mouvement.
L’art culinaire
français, est aussi dans le viseur du wokisme, il représenterait la domination
de notre culture blanche. On atteint le comble de la connerie et de
l'inculture, l'art culinaire français est ouvert à toutes les cultures du
monde.
Certaines association à la sensibilité woke, applique cette doctrine de l'exclusion par l'inclusion des racisées à l'idéologie extrémiste, d'un féminisme de l'exclusion, et du remplacement...Le féminisme égalitaire est étouffé, par un féminisme activiste dominant qui s'attaque à tout ce qui touche la domination masculine, pour la supplanter.
le mouvement idéologique woke ouvre la porte à la ségrégation, à l'activation du racisme, c'est un danger pour le vivre ensemble La France ce n'est pas l'Amérique, le mouvement woke c'est de l'inculture qui attise les haines, pour imposer une vision du monde archaïque, qui vise à déstabiliser la société, pour imposer un dogme de l'inquisition. On ne combat pas le racisme de cette façon ,le wokisme l'active.
Un autre regard sur le monde
vendredi 5 mars 2021
La traite oubliée des négriers musulmans Par leur ampleur et leur durée - du VIIe au XXe siècle -, les « traites orientales » organisées par les négriers musulmans constituent sans doute, d'un point de vue quantitatif, la plus importante des trois traites négrières de l'histoire. Le sujet pourtant reste aujourd'hui encore en partie tabou.
La traite* négrière est logiquement associée au grand trafic transatlantique organisé à partir de l'Europe et des Amériques, qui a conduit à la déportation d'environ 11 millions d'Africains en Amérique. Il faut aussi compter avec deux précédents : d'abord les traites internes, destinées à satisfaire les besoins en main-d'oeuvre de l'Afrique noire précoloniale, soit, si l'on applique les méthodes de Patrick Manning, au moins 14 millions de personnes1. Ensuite les traites « orientales », qui alimentèrent en esclaves noirs le monde musulman et les régions en relation avec ses circuits commerciaux.
Ces traites sont mal connues et difficiles à chiffrer mais
selon l'historien américain Ralph Austen2, le meilleur spécialiste de la
question, 17 millions de personnes auraient été déportées par les négriers*
musulmans entre 650 et 1920.
Au total, les traites orientales seraient donc à l'origine
d'un peu plus de 40 % des 42 millions de personnes déportées par l'ensemble des
traites négrières. Elles constitueraient ainsi le plus grand commerce négrier
de l'histoire. Pourtant, mis à part certains travaux, dont ceux de François
Renault, le sujet est à peine effleuré par les chercheurs français. Il existe,
en effet, une tendance à dédramatiser le rôle et l'impact des traites
orientales, à en minimiser la dureté. Cette « légende dorée » de la traite
orientale est d'abord une forme de réaction à la « légende noire » véhiculée
par les explorateurs européens de la fin du XIXe siècle qui, dans le but
d'abolir la traite en Afrique, ont parfois exagérément noirci la réalité des
traites orientales.
La recherche se heurte à des tabous. « Pour le moment,
écrivait Bernard Lewis en 1993, l'esclavage en terre d'islam reste un
sujet à la fois obscur et hypersensible, dont la seule mention est souvent
ressentie comme le signe d'intentions hostiles 3. » Analysant des manuels
scolaires du monde entier, Marc Ferro écrivait en 1981, à propos d'un livre de
quatrième utilisé en Afrique francophone : « La main a tremblé, une fois
de plus, dès qu'il s'agit d'évoquer les crimes commis par les Arabes [...] alors
que l'inventaire des crimes commis par les Européens occupe, pour sa part, et à
juste titre, des pages entières 4... »
Ce déni s'explique enfin par des raccourcis idéologiques
dépassés : la « solidarité » affichée entre pays d'Afrique noire parfois
musulmans et monde musulman, tous marginalisés à l'époque de la bipolarisation
Est-Ouest, ou le sentiment de ne faire qu'un seul dans un « Sud » défavorisé,
par opposition à un « Nord » développé.
Parmi les nombreux facteurs qui ont contribué à minorer
l'ampleur des traites orientales, certains tiennent à l'histoire. La
colonisation de l'Afrique noire par l'Europe ayant suivi d'un petit demi-siècle
la fin du trafic atlantique, les deux événements sont parfois assimilés.
Inversement, l'influence des pays d'islam, pourtant parfois plus profonde que
celle de l'Europe, fut plus diffuse et souvent plus intériorisée.
Il est vrai aussi que la traite orientale était moins visible
: elle se déroulait en partie à l'intérieur du continent africain alors que le
trafic occidental faisait passer les esclaves d'un continent à un autre ; les
caravanes de captifs transportaient parfois d'autres « produits » ; le voyage
par voie de mer était, sinon inexistant, du moins beaucoup moins ostensible.
Par ailleurs, les esclaves* étaient dispersés au sein de vastes territoires.
Ajoutons, avec Janet J. Ewald, que l'esclavage ne préoccupa
pas autant les intellectuels orientaux que les penseurs européens et américains
des XVIIIe et XIXe siècles5. En Occident, c'est initialement le mouvement
abolitionniste qui poussa à étudier « l'infâme trafic ». Or si la question de
la légitimité de l'esclavage fut parfois débattue dans le monde musulman, elle
ne donna jamais lieu à l'émergence d'un véritable mouvement abolitionniste.
Revenons à la question des chiffres. L'histoire quantitative
des traites orientales n'a vraiment débuté qu'à la fin des années 1970, dix ans
après celle qui touche aux traites occidentales. De plus, les données
statistiques disponibles se fondent davantage sur une critique de sources de
seconde main que sur des archives.
On doit procéder par recoupements, utiliser les chiffres
connus sur le nombre d'esclaves noirs incorporés dans les armées d'Afrique du
Nord et du Moyen-Orient une cinquantaine de sources différentes, pour la
période comprise entre le IXe et le XIVe siècle, mettre à profit les récits de
l'époque, ou établir des projections mathématiques évaluant le nombre d'arrivées
annuelles en fonction du nombre d'esclaves répertoriés dans certaines villes et
de leur taux de mortalité supposé sur place.
Mais, même incertaines, les estimations, sans cesse affinées
par Ralph Austen, donnent une idée des effectifs globaux d'Africains déportés à
travers le Sahara, la mer Rouge et l'océan Indien depuis le haut Moyen Age,
ainsi que du rythme des traites.
Ce qui frappe, outre l'ampleur de ce commerce, c'est son
exceptionnelle longévité treize siècles, sans interruption. A leur maximum au
XIXe, à l'époque où de nombreuses guerres saintes jihads pourvoyeuses en
captifs secouaient l'Afrique occidentale et où l'essor du système de la
plantation à Zanzibar suscita d'importants flux négriers, les traites
orientales commencent dès le VIIe siècle. L'esclavage était alors une
institution bien établie, et la constitution d'un vaste empire musulman ne
pouvait qu'accroître les besoins en main-d’œuvre.
LA LÉGENDE DE CHAM
La loi musulmane interdisant d'assujettir les musulmans, on
amena les captifs des pays slaves, du Caucase et d'Asie centrale mais surtout
de régions au sud du Sahara. Les Africains étant, de loin, les plus nombreux,
il se produisit une progressive dévalorisation de l'image des Noirs, assimilés
à la figure de l'esclave. Cette dévalorisation servit objectivement à légitimer
la traite dont les sociétés esclavagistes avaient besoin.
Pour cela, on eut recours à des arguments à la fois racistes
et religieux. On prétendait que l'insuffisante organisation de leur cerveau
faisait d'eux des êtres naturellement gais, d'autant plus propres à être mis au
travail forcé. On utilisa la légende biblique de Cham, pourtant dénuée à
l'origine de tout préjugé de couleur, pour prétendre que les Noirs descendaient
de Cham, dont la descendance avait été maudite par son père Noé.
La traite n'est pas justifiée par le Coran, qui ne fait aucune
mention de race ou de couleur. Il est donc inexact de parler de « traites
musulmanes » : renvoyant à un registre plus neutre, l'expression « traites
orientales » est mieux appropriée. Néanmoins, l'apparition puis l'essor d'une
traite négrière d'une telle ampleur posa à certains des problèmes moraux :
était-il légal d'acheter ou de vendre des esclaves s'ils étaient musulmans ? Au
XVe siècle, pour Al-Wansharisi, juriste marocain rompu à la casuistique, peu
importait que les captifs se soient convertis à l'islam : l'esclavage était une
« humiliation » due à l'incroyance « présente ou passée ». Au XVIe siècle, un
autre juriste, Ahmed Baba, Noir razzié par les Marocains, déclarait que la
traite était « une des calamités de notre époque » . Mais cet ancien
captif ne fut pas entendu.
La carte des traites orientales rend compte de l'importance
des flux dès le Moyen Age. On y distingue clairement des régions d'exportation
des captifs - Afrique occidentale, Kanem dans l'actuel Tchad, Nubie, Éthiopie,
Berbera en Somalie, côte des Zang côtes de la Tanzanie et du Mozambique - et
d'importation : Espagne mauresque, Afrique du Nord, Sicile, Proche-Orient,
Insulinde et même Chine. Certaines villes, comme Assouan et Cordoue, se
spécialisèrent dans la castration des esclaves destinés à être des eunuques.
D'autres réexportaient une partie des esclaves dans des villes comme Zabid,
dans l'actuel Yémen. Le géographe arabe Al-Idrissi, qui décrivait la cité au
XIIe siècle, mentionnait que les esclaves noirs y étaient le seul article
d'importation. Un commerce qui, d'après lui, faisait de Zabid une ville «
très opulente » .
Dès cette époque, le commerce des esclaves noirs était
structuré, international, et possédait des ramifications dans tout le monde
musulman. Son ampleur et son extension à l'ensemble de l'Afrique noire, de
l'Atlantique à la mer Rouge, autorisent à parler de « traite » et à distinguer
celle-ci de l'esclavage antique.
On distingue, au sein des traites orientales, les traites «
transsahariennes » de celles ayant affecté les côtes de la mer Rouge et
l'Afrique orientale, même si certains esclaves capturés dans ces dernières
régions furent dirigés vers le nord, devant affronter eux aussi la pénible
traversée du Sahara. Les routes évoluèrent peu. Au Sahara, elles étaient
conditionnées par la présence des points d'eau, puits et oasis. Cette longue
traversée du désert, comparable à celle d'un immense océan sahel signifie «
côte » en arabe, durait d'un à trois mois. Autant que pour joindre par voie de
mer les Amériques depuis l'Afrique.
Le trafic qui englobait l'Afrique orientale prit la suite de
celui qui existait déjà dans le monde antique, devenant ensuite l'un des
éléments d'un trafic encore plus vaste, d'esclaves de toutes origines,
correspondant aux espaces bordiers de l'océan Indien. Dès le VIIe siècle, des
enclaves commerçantes furent établies sur la côte, entre Mogadiscio, dans
l'actuelle Somalie, et Sofala aujourd'hui Beira, au Mozambique. Grâce aux vents
de mousson, les esclaves étaient conduits en Arabie et jusqu'en Inde. La traite
fut sans doute importante dans la région entre 1400 et 1600. Elle prit une
ampleur considérable au XIXe siècle. Deux espaces furent surtout concernés :
l'Afrique centre-orientale et le bassin du Nil, où le commerce négrier se
développa après 1820, sous l'impulsion du pacha d'Égypte qui voulait des
soldats, des esclaves et de l'ivoire.
RÉGIONS MISES À SAC
Partout, le même scénario se répéta. Des traitants Arabes, Swahili
ou Noirs islamisés ouvraient des routes et razziaient les populations de
l'intérieur, moins habituées aux armes à feu que celles de la côte. Des régions
entières furent mises à sac, d'abord jusqu'aux Grands Lacs, puis bien au-delà,
les traitants remontant le fleuve Congo. Les raids pouvaient durer plus d'un
an. Beaucoup de captifs étaient utilisés sur place, dans les points fortifiés
où les traitants s'établissaient. Les autres étaient conduits vers le nord, à
travers le désert.
Certains étaient expédiés vers l'Arabie, par la mer Rouge. De
Kilwa ou de Bagamoyo, dans l'actuelle Tanzanie, d'autres embarquaient pour le
Moyen-Orient ou Zanzibar, à bord de boutres arabes, petits bâtiments à
l'arrière relevé, munis d'une ou deux voiles triangulaires. Chacun transportait
100 à 200 esclaves accroupis, genoux au menton. Une plate-forme de bambou était
disposée sur cette première rangée d'hommes, afin qu'une autre puisse s'y loger
et parfois même une troisième sur le pont. Il fallait, par bon vent,
vingt-quatre heures pour rejoindre Zanzibar depuis Bagamoyo, et deux jours à
partir de Kilwa. Sans zéphyr, le voyage s'allongeait. A l'arrivée, on faisait
le tri entre les morts jetés à l'eau, les mourants abandonnés sur la plage et
les valides bons pour être vendus.
Des bateaux à vapeur, moins discrets mais plus rapides, furent
également utilisés au XIXe siècle par les commerçants ottomans, surtout après
l'ouverture du canal de Suez 1869 et de lignes régulières en direction du
Yémen.
A quoi était utilisée cette masse d'esclaves ? On a longtemps
cru qu'ils n'avaient rempli pratiquement aucune fonction productive
contrairement aux plantations des Amériques et que l'esclavage y était
relativement doux, du fait d'affranchissements plus fréquents et de l'idée
selon laquelle les traites érotiques constituaient l'essentiel du trafic
oriental comme si l'exploitation sexuelle d'un individu était moins dure que
celle de sa force de travail.... En fait, un grand nombre d'esclaves jouèrent
un rôle économique important, notamment dans l'agriculture. Dans les petites et
moyennes exploitations, très répandues, et aussi dans les plantations, établies
sur une vaste échelle en Mésopotamie au IXe siècle, au Maroc au XVIe siècle
ainsi qu'en Égypte, à Zanzibar et sur les côtes orientales de l'Afrique au XIXe
siècle.
Dans les nombreuses oasis du Sahara, les esclaves étaient
employés à la culture des palmiers, à la récolte des dattes, mais aussi à
l'entretien des milliers de kilomètres de foggaras aqueducs souterrains. Ces oasis,
essentielles à la vie en milieu désertique, étaient les indispensables étapes
du commerce transsaharien reliant l'Afrique noire au monde méditerranéen et
oriental.
L'extraction minière les pierres précieuses de l'ancienne
Nubie, l'or, le sel saharien et la récolte des perles en mer Rouge ont
également fonctionné grâce aux captifs noirs. Dans les villes, ils
remplissaient de multiples fonctions, artisans ou domestiques et parfois
intégrés dans des armées, arbitrant ainsi plusieurs conflits au sein du monde
musulman.
Au total, le rôle des esclaves, bien que souvent ponctuel, fut
toujours important. Ils fournissaient un réservoir de main-d’œuvre à faible
coût, toujours disponible et d'une grande souplesse. Ce sont peut-être
d'ailleurs cette flexibilité et la variété de leurs rôles qui constituèrent
leur apport le plus décisif à l'économie du monde musulman, en lui permettant
de toujours se développer à ses propres rythmes.
PRÈS DE 4 MILLIONS EN 1900
Par l'intermédiaire de la traite, l'influence du monde musulman
se fit ressentir très loin au sein de l'Afrique noire. Le cas de l'Afrique
occidentale est à cet égard intéressant. Si l'on en croit l'historien canadien
Paul Lovejoy6, le système esclavagiste joua ici un rôle important dans la
production. Près de 4,3 millions d'esclaves auraient été présents dans la
région en 1900 contre 2 968 000 dans l'ensemble des Amériques à la fin du
XVIIIe siècle et 5 875 000 vers 1860-1870.
Selon Lovejoy, le commerce des esclaves dans cette région
aurait été très rapidement contrôlé par les commerçants musulmans. Ce qui
expliquerait que les esclaves aient surtout été soit utilisés sur place, soit
exportés vers l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, plutôt que vendus aux
négriers blancs.
Cet exemple montre combien les réseaux de la traite «
orientale » ont joué un rôle important dans l'évolution de l'Afrique
occidentale précoloniale. Il en fut ainsi également en Afrique orientale. Seule
l'Afrique centre-occidentale Angola échappa à cette influence et, de ce fait,
fut plus orientée vers la traite atlantique.
L'absence de vastes communautés noires dans le monde musulman
d'aujourd'hui peut surprendre, à la différence de ce que l'on constate aux
Amériques. Est-ce parce que les musulmans auraient été plus terribles,
n'hésitant pas à émasculer et à transformer la plupart de leurs esclaves hommes
en eunuques comme on a pu récemment le lire dans des textes où l'on est passé
du tabou à la stigmatisation tandis qu'ils conservaient jalousement les femmes
dans des harems ? Cela ne correspond pas plus à la réalité que la thèse de ceux
qui, au contraire, soulignant l'absence d'importantes communautés nées de
l'esclavage, en déduisent que cet esclavage n'a jamais existé.
Ce qui s'est passé c'est que, à la différence des Amériques,
il n'y eut guère de politiques d'encouragement aux naissances parmi les
esclaves du monde musulman. Ceux-ci y étaient beaucoup plus dispersés dans
l'espace et plus diversement répartis dans l'économie et la société. Et les
arrivées d'esclaves furent très irrégulières dans le temps et dans l'espace.
Certaines régions en reçurent en grand nombre pendant plusieurs décennies, puis
très peu pendant des périodes tout aussi longues.
Mais c'est bien ce trafic qui explique la présence, parfois
forte, de groupes ethniques d'origine noire dans les oasis du Sahara et les
confins méridionaux des pays du Maghreb. Des groupes qui font parfois l'objet
de racisme de la part du reste de la population. En 1970, dans son Histoire
de la traite des Noirs Fayard, Hubert Deschamps parlait à ce sujet de la «
hiérarchie du mépris », en prenant l'exemple du Tchad. « Mépris des Arabes
blancs du Nord pour les Arabes noirs du Centre, mépris de ceux-ci pour les
Noirs islamisés du Baguirmi, mépris des Baguirmiens pour les Noirs païens du
Sud, ancien réservoir de captifs. »
Qu'en est-il aujourd'hui ? Les incidents relatifs à la
poursuite de l'esclavage étaient encore fréquents, il y a quelques années, en
Mauritanie et au Soudan. Au Soudan, l'association évangélique Christian
Solidarity International CSI a procédé, dans les années 1980, au rachat et à la
libération - fortement médiatisés - de Soudanais animistes et chrétiens
capturés et asservis par des milices musulmanes au service de l'État central.
Mais cette opposition musulmans du Nord/chrétiens du Sud n'est qu'une donnée
d'un problème plus vaste, aggravé par de multiples facteurs : un racisme latent
à l'encontre des populations du Sud ; l'avantage d'utiliser une main-d’œuvre
forcée pour l'agriculture commerciale du centre du Soudan ; la volonté de
contrôler les ressources pétrolières du Sud.
Il est également possible qu'en payant 50 000 livres
soudanaises par esclave libéré environ 35 euros les représentants - bien
intentionnés - de la CSI aient contribué à renforcer les pratiques
esclavagistes locales, en les rendant plus rentables pour les milices.
Source ;
https://www.lhistoire.fr/la-traite-oubli%C3%A9e-des-n%C3%A9griers-musulmans-0