Président du comité d'organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, Tony Estanguet pose au bord de la Seine le 17 juillet 2023. - Photo Bertrand GUAY / AFP
La menace judiciaire
Les perquisitions fin juin au siège du comité d'organisation des JO (Cojo),
ainsi qu'au domicile de deux de ses principaux dirigeants, le directeur général
Étienne Thobois et le directeur des opérations Edouard Donnely, portent sur des
soupçons de prise illégale d'intérêts et de favoritisme.
Tout est possible y compris qu'il ne se passe rien d'ici l'année prochaine.
Devant les comités olympiques du monde entier réunis le 14 juillet à Paris, le
boss des JO, Tony Estanguet s'est voulu rassurant: il a répété que les
procédures étaient "robustes" en matière d'éthique, et n'a pas
prononcé les mots enquête ou perquisitions mais parlé simplement de
"contrôles".
"Évidemment, on s'en passerait", concède à l'AFP la ministre des JO,
Amélie Oudéa-Castéra. Mais depuis "il n'y a pas eu la baisse d'un
centimètre de mobilisation collective autour de la préparation",
assure-t-elle.
Avec ou sans les Russes?
Le Comité international olympique (CIO) ne va, pour le moment, pas envoyer de
carton d'invitation à la Russie ni au Bélarus mais s'exprimera "en temps
voulu" sur le sujet. Pour l'instant, il a recommandé aux fédérations
internationales de réintégrer à leurs compétitions les sportifs russes et
bélarusses, pour peu qu'ils n'aient pas activement soutenu la guerre en Ukraine
depuis février 2022.
"L'inquiétude, c'est le boycott" si des Russes venaient, de l'Ukraine
mais aussi d'autres pays pour soutenir l'Ukraine, glisse un ancien athlète. De
son côté, Emmanuel Macron ne
s'est pas prononcé. A l'inverse, la maire PS de Paris, Anne Hidalgo, ville hôte des JO, s'est dite
en février opposée à la venue des sportifs russes à Paris "tant qu'il y a
la guerre" en Ukraine.
Contexte social
Après le conflit sur les retraites et plusieurs jours d'émeutes dans toute la
France après une bavure policière à Nanterre, le comité d'organisation doit
faire avec un contexte social éruptif. "Il y a deux ans, le contexte
social était différent, le risque est là", concède un membre du Cojo.
Ce serait d'ailleurs un drôle d'effet boomerang si les JO venaient à être
perturbés socialement, lui qui a recours à l'imagerie et à la rhétorique
révolutionnaire de la France: images de mai 1968 dans ses clips, parcours du
marathon empruntant la "Marche des femmes" de 1789 ou encore des
mascottes en forme de bonnet phrygien.
Armée en renfort
"Le dispositif de sécurité sera sans précédent, je pense que ce sera
l'endroit sur la planète où on sera en totale sécurité", promet Tony
Estanguet alors que la sécurisation de la cérémonie d'ouverture et de
l'évènement suscite des inquiétudes. Pour compléter les effectifs de sécurité
privée, une filière en souffrance, il y a de fortes chances que l'armée soit
sollicitée. Rendez-vous à l'automne pour savoir dans quelles proportions.
L'idée est d'anticiper et d'éviter un recours à l'armée en catastrophe comme pour
les JO de Londres en 2012.
Nervosité sur les transports
C'est maintenant la course contre la montre pour faire arriver la ligne 14 au
village olympique à Saint-Denis. Le président de la RATP, l'ex-Premier ministre
Jean Castex assure que les transports seront "prêts" pour juin 2024.
Il surveille comme le lait sur le feu "l'approvisionnement en
cuivre", nécessaire pour les câbles, ainsi que le recrutement de
chauffeurs de bus.
Alors que le réseau de transports franciliens connaît de sérieux ratés depuis
un an, ce sujet, avec celui de la sécurité, va rester crucial jusqu'au bout. Il
est même scruté par le président du CIO, Thomas Bach, selon une source proche
des instances olympiques.
Attention au budget
Attendue depuis des mois, l'annonce lundi de la signature du numéro un du luxe
LVMH au rang des grands sponsors des JO de Paris soulage tout le monde et
permet de quasi boucler le budget. Sans LVMH, qui contribue à hauteur de 150
millions d'euros selon une source proche du dossier, le Cojo avait déjà réuni
un milliard d'euros sur les 1,24 milliard d'euros qu'il doit collecter.
Mais, ce n'est pour autant que le Cojo ne va pas devoir continuer à serrer les
boulons. Le président de la commission de coordination des JO de Paris,
Pierre-Olivier Beckers, avait estimé lors de sa dernière visite à Paris qu'il
fallait "continuer à aller chercher des optimisations" afin de
"maintenir le budget".
Par Déborah CLAUDE, Cyril TOUAUX
Paris, 25 juil 2023 (AFP)
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site officiel Paris 2024